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  • La Belle et la Bête de Madame de Villeneuve

    La Belle et la Bête de Madame de Villeneuve

    « Le monstre se fit entendre. Un bruit effroyable, causé par le poids énorme de son corps, par le cliquetis terrible de ses écailles et par les hurlements affreux, annonça son arrivée. En voyant s’approcher la Bête, qu’elle ne peut envisager sans frémir en elle-même, la Belle avança d’un pas ferme, et d’un air modeste, salua fort respectueusement la Bête. Cette démarche plut au monstre et, se retournant vers la Belle, il lui dit : « Bonsoir la Belle. » »

    Gabrielle-Suzanne de Villeneuve (1685-1755) est l’auteur de l’un des contes de fées les plus célèbres de la littérature française. Venue tardivement à l’écriture, elle est également l’auteur de plusieurs autres contes et romans, parmi lesquels La Jardinière de Vincennes, qui connut un grand succès.

     

    La Belle et la Bête de Madame de Villeneuve

    Conte / Folio / ?

     

    La Belle et la Bête de Madame de Villeneuve

    Je n’ai toujours connu qu’une seule version de la Belle et la Bête : celle du film d’animation Walt Disney, surement l’un des plus beaux dessins animés qu’il m’ait été donné de voir. Mais aussi grande que soit la magie Disney, j’ai toujours voulu connaître la véritable histoire qui se cachait derrière. Quelle joie alors de pouvoir me plonger dans ce merveilleux conte signé Madame de Villeneuve.

    Pour commencer, j’aimerais dire quelques mots sur la préface de cette édition, qui a été très instructive. La plupart des adaptations faites de ce conte n’ont pas été adaptée directement de l’œuvre originale, mais d’une version plus courte reprise quelques années plus tard. Cette seconde version coupe court à toutes la dernière partie du conte, et nous donne pour fin celle que nous connaissons tous : La Bête redevient humaine, après l’aveu d’amour de La Belle. Cette lecture fut donc une surprise par bien des abords, d’un côté je découvrais des détails qui n’avaient pas été repris, mais en plus j’avais accès à toute une facette du conte totalement méconnue.

    Parlons maintenant de la couverture. Sans être d’une incroyable beauté, elle reste tout de même très belle à regarder. La rose rappelle l’une des pièces les plus importantes du conte et permet ainsi de se mettre tout de suite dans l’ambiance. La quatrième de couverture quant à elle se présente sous la forme d’un extrait du conte décrivant l’aspect de La Bête, extrait qui nous sort des images enchanteresse et enfantine mise en avant par Walt Disney, mais qui m’a tout de même donné l’envie de me plonger dans cette histoire.

    Sur la plume de l’auteur à présent. Madame de Villeneuve écrit dans un style propre à son époque (XVIIIe). Malgré un vocabulaire soutenu, c’est une écriture pleine de légèreté et beauté, parfaite pour décrire toutes les merveilles qui peuplent les contes fées. A travers cette plume ; prennent vie les personnages et lieux enchantés, d’autant plus enjolivés par la magie présente tout au long de l’histoire. C’est une plume, qui à mon goût met tout à fait dans l’ambiance, à la fois du conte, et de l’époque.

    Ce sont les personnages, qui les premiers, m’apportent une surprise. En effet, si on se réfère au dessin animé, Belle est fille unique et vit avec son père, un inventeur un peu fou. Quel étonnement alors, de découvrir qu’en réalité, Belle est la cadette d’une famille de six enfants, composée de trois garçons et de trois filles. De plus, si sa mère est belle et bien morte, son père n’a rien d’un marginal. Il était un marchand prospère, avant que les coups cruels du destin ne l’obligent à se retirer à la campagne avec sa famille afin d’y cultiver la terre. Contrairement à beaucoup de romans d’aujourd’hui, où l’auteur prend garde à doter chaque personnage, même le plus insignifiant, d’un caractère propre, Madame de Villeneuve sépare les personnages secondaires en deux catégories, dans lesquels ils se confondent, pour ne laisser ressortir que la douceur de la Belle et la Bête. D’un côté, il y a les personnages bienveillants : les frères, et le père de Belle, qui doté d’un caractère charmant ne veulent que son bien ; on n’y compte également la Bonne Fée, qui tout au long du conte œuvre dans le noir pour donner une fin heureuse à cette histoire. La seconde catégorie réunit tous les personnages malveillants : on y compte les sœurs de Belle, qui par leur jalousie nous apparaissent détestables et égoïstes, ainsi que la mère du Prince, qui dans un premier temps refuse de voir son fils marié à une usurière.

    Ces derniers, au final, ne trouvent leur utilité qu’en faisant ressortir le caractère rempli de bonté, dont l’auteur à doté la Belle. Celle-ci a tout reçu de la nature : la beauté, la gentillesse. Elle se démarque de ses sœurs par l’amour sincère qu’elle porte à leur père, et par la facilité qu’elle a à accepter les coups du sort. Le personnage de la Bête a lui aussi été totalement modifié dans le dessin animé. Tout d’abord, ce n’est pas à cause de sa méchanceté qu’il est touché par la malédiction, mais plutôt par à cause d’une mauvaise fée qui n’accepte pas son désir de se marier avec une autre qu’elle. Ainsi, la Bête apparaît comme une créature aussi douce que lui permet sa condition de monstre. Il ne rejette pas le père Belle lorsqu’il vient, après un long voyage, s’échouer dans son château. Non, il l’accueille dans l’ombre, lui permet de piller allègrement toutes ses richesses, mais ce n’est que lorsqu’il touche à ses roses que la Bête se dévoile et se met hors d’elle. Mon impression finale sur la Bête est que la gentillesse de son caractère se démarque de son apparence ô combien monstrueuse, ce qui est étrangement déroutant.

    J’ai aussi beaucoup aimé le cheminement mental de la Belle, tout au long de la première partie du conte, qui nous montre comment elle en vient à aimer la Bête au-delà des apparences. Au début, elle refuse farouchement de l’épouser, trop rebutée par son aspect. Elle n’éprouve pour elle que de la reconnaisse pour avoir partagé ses richesses avec sa famille. Dans cette lecture on passe par tous les états d’esprits de la Belle : son dégoût d’une telle apparence, ses doutes, sa peur que la Bête finisse par perdre patience, et puis enfin sa reconnaissance et son amour. Tout cela rend le conte touchant, surtout par l’innocence et la pureté des sentiments de la Belle.

    Un dernier point que j’aimerais maintenant soulever à propos de la vision général que donne « La Belle et la Bête ». Je l’avais toujours considéré comme un conte moderne, car Belle m’avait toujours parue indépendante, et forte. Or, l’œuvre originale n’a pas un brin de modernité et véhicule à merveille les penchants de cette époque, qui peuvent paraître désuets aujourd’hui. Ce n’est pas tant des stéréotypes sur la place de la femme dans la société, mais plutôt sur les mariages royaux. Toute la seconde partie du conte, si souvent oubliée, est consacré au récit de la Bonne Fée, qui finit par révéler que la Belle n’est pas une simple paysanne, mais une princesse de sang royal. Ainsi, si message caché il y a, il ne réside pas dans l’élévation sociale de la Belle.

    Un petit mot pour la fin : c’est une lecture simple, sans prise de tête. Un conte féérique, pleins de magies, dont les descriptions font rêver. La Belle et la Bête fut, pour moi, une très belle découverte que je conseille aux petits (pas trop non plus), comme au grand. 


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  • Au Bonheur des Dames d'Emile Zola

     

    Au Bonheur des Dames d'Emile Zola

    Le second empire vise à faire de Paris la capitale de la mode et du luxe. La ville se modernise. Les boutiques du Paris ancien laissent place peu à peu aux grands magasins, dans le voisinage des boulevards et de la gare St-Lazare. La nouvelle architecture illustre l’évolution des goûts : on entre dans le royaume de l’illusion. Octave Mouret, directeur du Bonheur des Dames, se lance dans le nouveau commerce.

    L’exploit du romancier est d’avoir transformé un épisode de notre histoire économique en aventure romanesque et en intrigue amoureuse. Rien d’idyllique pourtant : le magasin est construit sur un cadavre ensanglanté, et l’argent corrompt tout. Pour Zola, la réussite du grand magasin s’explique par la vanité des bourgeoises et le règne du paraître. Il nous décrit la fin et la naissance d’un monde : Paris, incarné ici dans un de ses mythes principaux, devient l’exemple de la cité moderne.

     

    Au Bonheur des Dames d'Emile Zola

    Réaliste / Folio classique / 495 p.

     

    Au Bonheur des Dames d'Emile Zola

    Lu dans le cadre du bac de première (les TPE), j’étais motivée pour le lire. Et je n’ai pas été déçue : je l’ai dévoré, du début à la fin sans avoir le temps de reprendre mon souffle ! Mais je ne peux pas faire une chronique de Au Bonheur des Dames sans vous parler au préalable du contexte historique, sans quoi, tout l’ouvrage perd son charme.

    Publié pour la première fois dans les années 1880, Au Bonheur des Dames d’Emile Zola est écrit dans la continuité de la série des Rougon-Macquart, histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second empire. Dans cette série Zola veut démontrer de manière « scientifique » les vices de la société, et démontrer les conséquences qu’ils peuvent avoir sur les différentes générations. Les romans suivent donc tous une même ligne de conduite : focalisé sur un membre de cette famille qui aura hérité d’une tare, Zola décrit et analyse non seulement les faits et gestes de son personnage, mais aussi l’un des faits de société qui bouleverse le monde lors de cette révolution industrielle.

    En soit, Au Bonheur des Dames de déroge pas à la règle. Pourtant, si son personnage subit en effet la société et ses vices, ce livre-ci reste bien différent des autres.  Il n’est ni aussi noir que Germinal, ni aussi sanglant la Bête humaine… Non, Au Bonheur des Dames étonne par son côté plutôt clair, et son atmosphère joyeuse et féminine. L’histoire, qui décrit l’apogée des grands magasins, narre l’histoire les peines, les joies et les galères d’une vendeuse du magasin. Zola nous place dès le début dans deux points de vue opposée : le premier, la vie du Bonheur des Dames du point de vue des vendeuses, leurs situations sociales, les rapports employés-employeurs ; de l’autre, le Bonheur au sens propre des acheteuses, les nouvelles techniques de marketing qui ne nous laisse aucune chance de ressortir les mains vides ! Deux aspects différents d’un même endroit, la médaille et son revers…

    Cependant, on retrouve à chaque page le style de Zola : très peu d’action pour beaucoup de description. Si dans certains de ses livres cet aspect peut paraître un peu lourd aux lecteurs, je puis vous assurer qu’ici, il n’y aurait presque pas assez de descriptions. Zola a pourtant repoussé les limites de sa créativité. Il nous emporte dans un voyage fabuleux au cœur de son magasin, et son écriture est tellement riche, ses descriptions sont tellement colorées, que l’on se retrouve plongé jusqu’au cou dans des marchandises somptueuses, dans un bâtiment si lumineux qu’il faudrait porter des lunettes de soleil en pleine nuit. Tout est si précisément décrit qu’on se croirait dans un film. On découvre Paris sous un autre jour, une nouvelle robe, qui n’est certes pas toujours blanche, mais qui donne envie d’y rester jusqu’à la fin des temps. Les lieux qu’il expose sont donc époustouflants.

    C’est dans les personnages que l’on retrouve toute la noirceur de l’écriture de Zola. Denise, son personnage principal est sans cesse parer de noir et semble porter toute la misère du monde sur ses épaules. Malgré tout elle reste tenace et survit à toutes les épreuves que le temps lui fait subir. Une fois n’est pas coutume, elle est le genre de héro que l’on voudrait tous avoir : elle se sort avec brio de toutes les situations, et elle en revient plus grande à chaque fois. Non, il est évident que ce n’est pas Denise qui fait partie de la famille des Rougon-Macquart dans ce tome là. Ce serait plutôt Octave Mouret, directeur du Bonheur des Dames qui joue ce rôle, il peut se considérer chanceux néanmoins, la « tare » dont il a hérité lui a donné la grandeur et le génie. Dans l’ensemble ses personnages sont les archétypes même des classes sociales qu’ils représentent. Denise représente sans aucun doute l classe ouvrière, avec ses galères, sa précarité et ses soucis financiers ; Octave quant à lui, il est la nouvelle bourgeoisie, celle à qui l’empire doit sa renommer. On retrouve aussi, des personnages qui représentent les anciens nobles, bref un éventail très large et haut en couleur. Néanmoins, l’écriture naturaliste de Zola empêche le lecteur de s’identifié à un personnage.

    A travers le livre en lui-même, Zola pointe du doigt les conséquences catastrophiques que l’installation d’un grand magasin peut avoir sur les anciennes structures économiques et sociales. Il ne faut pas oublier qu’avant la vente de vêtements se faisaient sur mesure dans des petites boutiques individuelles, l’arrivée d’un endroit où maroquinerie, prêt-à-porter, et ganteries se mêlent, est à l’origine de la disparition de tout ces petits concurrents. Quant aux structures sociales, là où il y avait un apprenti, il a Au Bonheur des Dames des petits vendeurs, qui n’ont pas l’assurance d’avoir le même emploi demain. Mais Zola reste objectif, et ne va pas très loin dans son analyse. Il ne fait que « dénoncer », voire seulement décrire, sans pousser des coups de gueule contre la nouvelle économie…

    Pour conclure, je dirais que si tout le livre est une merveille, alors la fin, si elle était un monument figurait au classement des plus grandes merveilles du monde. Je m’étais habituée à des fins tristes et sinistres, où les personnages n’avançaient pas, voire régressaient, alors je vous laisse imaginer mon étonnement quand à la fin du livre Zola nous servait sur un plateau le plus beau des Happy End… Certes, ce n’est surement pas le plus romantique, ni le mieux écrit, mais le simple fait que ce soit Zola qui l’ait écrit suffit à le rendre parfait ! Au Bonheur des Dames restera l’un de mes plus grands coups de cœur, et un de mes livres préférés. Je ne pourrais que le conseiller encore et encore !


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  • Justine du Marquis de Sade

     

    Justine du Marquis de Sade

     Justine et Juliette sont sœurs. Elles ont respectivement 12 et 15 ans quand elles se retrouvent seules, à la mort de leurs parents. Juliette décide de trouver les moyens d'une vie confortable dans le lit des hommes. Justine, elle, ne veut pas entendre parler d'une telle déchéance. Pas de chance, tous ceux qu'elle rencontre sur son chemin lui font subir les pires sévices sexuels, et la chaste Justine voit passé plus de semence en quelques pages qu'un bataillon de prostituées à l'heure de pointe. Considéré longtemps comme une espèce d'antéchrist, le "divin marquis" bénéficie aujourd'hui d'une seconde lecture : merci Freud !

     

    Justine du Marquis de Sade

    Erotique / Les classiques de l'érotisme / 287 p.

     

    Justine du Marquis de Sade

    Tout d’abord, je tiens à mettre en garde le lecteur. Ce livre n’est pas abordable par n’importe qui. En effet, il est classé dans la catégorie érotique, et ce n’est pas qu’un détail, l’auteur enchaîne les scènes choquantes les unes après les autres, sans nous laisser le temps de respirer.  De plus, le style de l’auteur est celui du XVIIIème siècle, donc plutôt compliqué à lire et à comprendre. C’est donc aux lecteurs de plus de 16 ans que je le conseille. Maintenant vous êtes averti.

    Le roman se découpe en deux parties, très condensées et écrites en paragraphes. L’absence de chapitre à l’intérieur de ces parties m’a en partie gênée parce qu’elle rend le livre difficile à lire, en plus des petits caractères, et du champ lexical. Il faut donc s’accrocher pour ne pas abandonner le livre dans un coin et en commencer un autre. La couverture quant à elle reste classique et apporte un petit clin d’œil au genre du roman, mais n’attire ni ne repousse le regard.

    Justine, roman éponyme raconte donc l’histoire étrange et néanmoins tragique d’une jeune fille que l’on peut qualifier de chaste, croyante et surtout vertueuse. Le roman commence alors que Justine et sa sœur Juliette se font renvoyer du couvent après la mort de leurs parents. Elles sont toutes les deux jeunes, sans argent et sans ressource. Je pensais à ce moment là que le livre allait se découper en deux parties, une concentrée sur Juliette et l’autre sur Justine, avec l’opposition du vice et de la vertu.

    Dans les premières pages, Sade se concentre effectivement sur le sort de Juliette, qui contrairement à sa sœur à préféré trouver les moyens de vivre auprès des hommes, il  passe très vite sur son sort et fait un saut dans le temps. C’est à partir d’ici que l’histoire commence à s’embrouiller, il m’a fallu plusieurs pages pour comprendre que l’auteur introduisait l’histoire de Justine à travers un rencontre entre les deux sœurs, des années après alors qu’elles d’étaient perdues de vue à la sortie du couvent. De plus Sade choisit de renommé Justine tout au long du roman, ou nous découvrons ses malheurs sous le prénom de Thérèse. Que ce soit donc la première ou la seconde partie, elle est essentiellement centrée sur Justine.

    Tout au long du roman, nous découvrons divers personnages, certains plaisant d’autres tout particulièrement malfaisant et parfois même à la limite de l’insupportable. Justine tout d’abord agace et fait naître la pitié tout du long. En effet, alors qu’il lui arrive une crasse toutes les trois lignes, elle continue à suivre ses principes à la lettre, à accorder sa confiance à n’importe qui et s’en remettre aux autres. Mais ses défauts, sont aussi des qualités qui peuvent tendre à impressionner le lecteur. Sa détermination à suivre le chemin de la vertu, à rester dans le droit chemin ou encore son entêtement à croire en Dieu alors que ses vœux ne sont presque jamais réalisés, m’ont marqué et surtout m’ont inspiré un certain respect. En effet, ce n’est pas tous les jours que l’on croise des gens si ancré dans leur croyance et qui préféraient mourir plutôt que de retourner leur veste.

    Les autres personnages, à la fois principaux, c'est-à-dire important et en même temps complètement secondaires sont pour la plupart des hommes, qui font subir à la pauvre justice les pires sévices sexuels et humiliations que l’imagination la plus perverse n’aurait osé imaginer. Certains sont des femmes, qui la trompent, ou la déshonorent, selon ce qu’elles reprochent à notre pauvre héroïne. Et quelques uns sont gentils, doux, mais malheureusement ne peuvent rien pour l’aider, et c’est souvent elle qui se porte à leur secours, pour tout le temps le regretter amèrement par la suite.

    Sade alterne tout au long du livre les scènes de sexe, ou plutôt les orgies sexuelles avec les longs débats sur la vertu, où Justine se bat pour prouver au monde et où les autres tentent en vain de lui ouvrir les yeux : il ne sert à rien d’être vertueux quand le crime nous apporte la fortune. Tel est le message qui revient le plus souvent. Néanmoins l’auteur fait un véritable éloge de la vertu, critiquant à tout va la société qu’il peint dans son roman. Il met en avant, en ce siècle de la chasteté, tous les vices cachés de l’être humain. Mais ce qui m’a le plus marquée est la critique inlassable de l’Eglise, car c’est dans un monastère que Justine va perdre tout ce pourquoi elle se battait depuis le début : sa virginité, sa dignité, et presque sa foie, qui malgré tout tiendra bon.

    Ce livre met en avant le libertinage et fait un éloge construit du vice, très prisée à cette époque, mais que tout le monde niait et réprouvait dans ses dires. Sade, avec Justine, non seulement se découvre, mais met à nue le jeu auquel beaucoup se prêtait dans l’ombre. Il décrit avec un vocabulaire imagé les jeux auxquels pouvaient être confrontée n’importe qu’elle fille, qu’elle soit riche ou de petite vertu. Le champ lexical employé par l’auteur aurait pu rendre le livre facile à lire dans la mesure, ou beaucoup des termes ne sont plus employés aujourd’hui, mais la récurrence des scènes de violences sexuelles que subit Justine m’a presque donné la nausée.

    Après avoir fini ma lecture tant bien que mal, j’ai appris que le nom de l’auteur, Sade avait donné naissance au mot « sadisme », pour conclure, je dirais donc que je ne comprends toute l’étendue de ce mot qu’aujourd’hui. C’est un livre intéressant, mais qui ne se lit pas pour le plaisir, et avec un œil ouvert pour repérer les nombreuses critiques mises en avant.


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