• L'ère des phalanstères de Gil Braltard

    L'ère des phalanstères de Gil Braltard

     

    L'ère des phalanstères de Gil Braltard

    Gaïa, malgré notre bassesse et notre malfaisance, a eu pitié de nous. Des terres que nous avions rendues stériles, Elle a fait surgir de resplendissantes fleurs. Elle nous a envoyé ses messagers, les prophètes Ubik et Florem et leur armée de serviteurs qui nous ont aidés à construire les phalanstères, ces arches de paix et de liberté où nous sommes choyés comme des princes. Oui, en vérité je vous le dis, par saint Joseph-Proudhon, saint Charles-Fourier, saint James-Lovelock et tous les autres saints de la Floraison, il n'est pire pécheur que celui qui tourne le dos à notre Bonne Mère.

    Gaïa a instillé la Peur en nous pour qu'elle nous détourne de l'Extérieur. La Peur est un mal nécessaire. Elle nous rappelle à tout moment que la liberté physique est une illusion. Que représente en effet cette insignifiante liberté en comparaison de celle de projeter notre esprit où nous le désirons ?

    En pensées seulement tu voyageras. Le rêve rend libre, mes chers frères et sœurs, n'oubliez jamais cette sainte maxime, le rêve rend libre.

     

    L'ère des phalanstères de Gil Braltard

    Science-Fiction / Céléphaïs / 251 p.

     

    L'ère des phalanstères de Gil Braltard

    Encore un partenariat que je ne regrette pas. Et pourtant, je n’ai jamais été friande de science-fiction. Peut-être parce que tout ce que j’avais lu jusqu’à présent était bien éloigné de la définition du genre. Voilà un livre qui nous en rapproche, mais surtout qui nous en met plein les yeux. Bref encore une bien belle découverte grâce au forum le Sanctuaire de la lecture et aux éditions Céléphaïs.

    Je dois avouer que je me suis inscrite à ce tour sans même avoir lu le résumé, la beauté de la couverture ayant confirmé mon choix sans me laisser le temps d'y jeter un coup d'oeil. L’eau a toujours été un élément qui m’a fascinée, je ne pouvais donc qu’aimer les vagues d’un océan déchaîné en première page. Ce n’est qu’une fois le livre en main que j’ai remarqué le désert chaud et brûlant en arrière-plan. Deux éléments de décor qui prennent tout leur sens au dénouement de l’intrigue. Ils représentent le tout et le rien en parfaite harmonie et donnent, malgré l’océan déchaîné, une impression de calme, de vide et de solitude. Sentiments que l’on retrouve tout au long du roman, d’ailleurs. Un petit mot tout de même sur le quatrième de couverture, que j’ai finalement lu. Bien que long, il laisse planer le doute et le mystère sur cette lecture, de telle manière qu’on a tout de suite envie de s’y plonger pour en dévoiler tous les secrets. Un aspect visuel donc très prometteur, qui m’a totalement subjuguée.

    Sur l’écriture de l’auteur maintenant. En voilà un qui a l’art de manier la plume avec une incroyable dextérité. On croirait presque s’immerger dans de la poésie écrite en prose, mais en beaucoup plus intéressant. Que ce soit dans la description ou dans les dialogues, on ressent ce que l’auteur écrit. Chaque page que l’on lit semble s’éveiller pour nous faire voyager d’un moment à l’autre de l’histoire, c’est comme un rêve dans lequel on serait conscient sans pouvoir décider de ce que l’on peut y faire. Bien que complexe, son écriture reste fluide et facile à lire. En une phrase où les mots semblent avoir été choisis avec minutie, il peut nous faire ressentir une palette d’émotions allant du malaise à la joie, en passant par la tristesse et les larmes. C’est donc avec regret que l’on referme ce livre, voulant savourer plus encore cette magie dans laquelle il nous a plongés.

    Passons maintenant aux personnages, qui sont de véritables chefs-d’œuvre à eux seuls. Dans son roman, Gil Braltard met en scène deux personnages que tout sépare et qui semblent n’avoir pour seul point commun le fait d’être dans un même roman. Mikhaïl, un jeune riche élevé sur notre bonne mère la Terre, paraît, à ses débuts, prétentieux voire suffisant mais il laissera apparaître plus tard des qualités qui font de lui un cœur en or, qui le rendent attachant et qui ont fait de lui mon personnage préféré. De l’autre côté, nous avons Inako, qui vit dans une société que l’on qualifierait de sectaire et qui passe le plus clair de son temps à se poser des questions et à hésiter sur la marche à suivre. C’est une jeune fille attachante, mais que je plains plus que je ne l’aime. Une dernière remarque à propos de Tox, le pingouin philosophe, qui n’es ni un pingouin, ni un philosophe, ni véritablement un personnage d’ailleurs. En fait Tox est le dénouement de cette histoire, l’adjudant qui vient en aide aux héros, mais s’il avait été un véritable personnage, il aurait été mon préféré.

    Il est temps maintenant de faire un point sur l’histoire. L’auteur nous plonge dans deux univers diamétralement opposés qui semblent ne rien avoir en commun. Il alterne les chapitres en centrant chaque univers sur l’un des deux personnages. Ainsi, on retrouve Mikhaïl sur une Terre où la nature aurait enfin repris ses droits, les habitants ayant été réduits au tiers de la population mondiale actuelle. Cette dernière aurait été décimée par une grippe plus meurtrière encore que celle qui toucha l’Espagne des années précédentes. Un univers non pas de désolation, comme on pourrait le croire, mais plutôt un monde où la solitude et la paix seraient maîtresse. De l’autre côté Inako a grandi dans un immense lieu clos et rond où des prêtres prêchent la grande Peur de l’extérieur. Ne lisant pas souvent ce genre d’histoires je l’ai trouvé d’une originalité simple et plaisante. Une fois encore, on affaire à un livre à la fois court et avec très peu d’action, et quasiment sans violence. Cela ne m’a pas le moins du monde dérangée. A vrai dire, je pense que l’histoire n’est que secondaire dans ce roman. Ainsi, j’avais deviné la fin bien avant la douce intervention de Tox. Au contraire, je pense que l’auteur a surtout mis l’accent sur les messages qu’il voulait faire passer.

    Plus qu’une critique de la société, c’est une véritable prophétie que nous dévoile ici Gil Braltard. Si on ne voit l’ensemble de la machination expliquée qu’à la fin du livre, ce qu’il décrit au début fait l’effet à la fois d’un rêve, mais aussi d’un cauchemar. Et l’horreur devient encore plus grande quand on s’aperçoit à quel monde on aurait appartenu s’il était arrivé ce qu’il met en scène.

    On pourrait résumer sa critique à une simple phrase : les riches décident de la bonne marche du monde à leur avantage et les pauvres subissent sans pouvoir rien dire. Mais résumer ce livre à cette phrase serait lui faire perdre toute sa profondeur. A travers les lignes, on peut y lire un message de protection de l’environnement maltraité par l’homme, mais si on regarde plus loin encore, c’est surtout un message de protection de notre humanité que l’on voit. C’est un véritable appel à regarder la misère du monde qui ronge petit à petit nos sociétés, un simple appel à jeter un coup d’œil par la fenêtre. Une critique vivante de notre société actuelle dans toute sa splendeur, il me semble. Et c’est cela qui rend ce livre si beau, si calme et si paisible : il offre à la fois un destin affreux à l’humanité, mais aussi le calme et la paix qu’elle mérite par les choix cruels et égoïstes d’une petite minorité.

    Par bien des aspects ce livre m’a énormément séduite et touchée. J’y ai découvert un auteur incroyable et une histoire à fendre le cœur. Pour ce moment magique, je tiens à remercier chaleureusement les éditions Céléphaïs et le forum le Sanctuaire de la lecture de m’avoir accordé leur confiance pour ce partenariat.

     


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